Durant toute ma vie, je me suis indéniablement sentie comme une étrangère. Pour être honnête ce n'est pas qu'un sentiment, mais un fait établit.
Depuis que je suis née, ma vie a été marquée par de nombreux déménagements.
J'ai tout d'abord commencé à me sentir comme une étrangère au sein de ma propre famille. Bien que j'aime ma famille, je n'ai pas été éduqué par elle donc je ne partage pas toujours les mêmes values et les mêmes intérêts.
Mon enfance, je l'ai passé entre une famille d’accueil bourgeoise et très stricte, pendant la semaine, et ma famille assez modeste et très relaxe pendant le week-end.
On ne peut pas appeler ça une enfance équilibrée. Je n’arrêtai pas de passer d'un extrême à l'autre. D'une atmosphère où je n'étais autorisé à ne rien faire à une atmosphère où tout était permis. Cette situation fut très perturbante et je me demandai de plus en plus à quel monde j'appartenais !
Le bon côté des choses fut que j'ai toujours eu une facilité à m'adapter quelle que soit la situation. Mais malheureusement, au fond de moi, cela me fit toujours me sentir comme une étrangère.
C'est sans doute la malédiction de ma vie de toujours me sentir entre deux mondes.
C'est comme si je n'appartenais à aucun monde quelquefois. Comme si je venais de nulle part !
À l'âge adulte, je me suis dit que j'allais me créer mon monde à moi. Mais malheureusement, ce n'est pas toujours aussi facile, il semble que les séquelles de notre enfance nous poursuivent toute notre vie... J'ai toujours envié les gens qui ont vécu au même endroit toute leur vie, qui ont une famille assez équilibrée et qui ont gardé les mêmes amis depuis le jardin d'enfants ou l'école primaire. Je pense que ces gens-là ne comprendront jamais vraiment ce que c'est que de se sentir seul au monde.
Le sentiment d’être seul au monde et de venir de nulle part s'est accentué depuis que je vis en Angleterre. Je vis dans une ville où presque tout le monde se connaît et où beaucoup te colle une étiquette. C'est comme si la plupart des gens croient me connaître sans vraiment prendre la peine de me connaître. C'est comme s'ils se faisaient une idée de qui je suis sans en avoir la moindre idée.
Je ne peux pas dire qu'en France, j'ai beaucoup d'amis mais la plupart me sont restée fidèles. Je n'ai pas besoin de les voir tous les jours pour savoir qu'ils ne m'ont pas oublié.
Ici, au contraire, la plupart des gens que j'ai rencontrés ont été plutôt superficiels.
Malgré cela, c'est aussi ici que j'ai rencontré la personne qui me connaît le plus.
C'est comme s'il me connaissait depuis des années, comme si nos âmes étaient liées.
Malheureusement, dans la vie c'est lorsque l'on trouve enfin ce dont on a cherché toute sa vie que soudainement, on le perd ! Me revoilà donc condamné à errer seule.
Cela me fait penser à la chanson jouée dans Last Days par Michael Pitt : "It's a long and lonely journey from death to birth".
Et s'il n'avait pas tort, et si on était tous condamné à être seul au bout du compte.
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